Pourquoi le baptême?
Ce texte (de ma jeunesse) reste toujours valable, c'est une étude pratique sur le baptême, que j'ai divisée en trois parties :
1. l'histoire du baptême,
2. le sens du baptême,
3. les conséquences du baptême.
1. L'histoire du baptême
Au début des évangiles (1) nous lisons que Jean-Baptiste paraît dans le désert prêchant la repentance et baptisant ceux qui venaient à lui. Il est le précurseur de Jésus. C'est la première étape de la dernière Révélation. Mais il faut dire qu'avant lui, on baptisait déjà ceux qui avaient le désir d'être lavés de leurs fautes. Ils étaient plongés dans l'eau afin d'être purifiés; c'était devenu un peu symbolique, et surtout cela devait être constamment renouvelé. Jean a fait la même chose, mais en exigeant d'eux une vraie repentance.
Dans l'évangile de Luc (2), relisons ces paroles adressées par Jean à ceux qui venaient en foule pour être baptisés par lui :
- Race de vipères (c'est-à-dire descendants ou "suiveurs" du Serpent ancien = le diable), qui vous a appris à fuir la colère à venir? Produisez donc des fruits dignes de la repentance, et ne vous mettez pas à dire en vous-mêmes : "Nous avons Abraham pour père!"
C'était bien facile : ceux qui s'approchaient de Jean se croyaient de bons Juifs; ils avaient Abraham pour père, ils méritaient donc d'être des serviteurs de Dieu... Mais non! Jean ne leur parle pas ainsi. Il leur dit au contraire : - Le fait d'avoir Abraham pour père ne vous est d'aucun mérite. Vous devez produire des fruits dignes de la repentance, donc manifester un repentir véritable.
- Que devons-nous faire alors? - demandent ils.
- Que celui qui a deux tuniques partage avec celui qui n'en a point - répond-il - et que celui qui a de quoi manger agisse de même!
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Ce que Jean demandait à ces Juifs, c'était donc une repentance véritable et pratique, et non seulement un acte symbolique. Au fond, il leur disait : "Si vous voulez vraiment être bénis par ce baptême, vous devez vous repentir sérieusement". Alors, ceux qui acceptaient étaient plongés dans l'eau, en confirmation de leur repentir sincère.
Jean annonçait ainsi la bonne nouvelle au peuple (3), en lui adressant en plus beaucoup d'autres exhortations. Et tous se faisaient baptiser. Il y avait donc ce qu'on appellerait aujourd'hui un "réveil avec repentance". Tous ces gens étaient désireux de servir Dieu en vérité. C'était ainsi que Jean préparait le chemin du Seigneur.
Alors Jésus vint au Jourdain vers son cousin Jean le Baptiste et il fut, lui aussi, baptisé, plongé dans l'eau par lui. Pendant qu'Il priait, le ciel s'ouvrit, et le Saint-Esprit descendit sur lui sous une forme visible, celle d'une colombe, et une voix se fit entendre du ciel : "Celui-ci est mon Fils bien-aimé, objet de toute mon affection!"
Quelle surprise de constater que Jésus, le Fils du Dieu vivant, lui qui était sans péché, vienne aussi se faire baptiser : "parce que - dit-il - il est normal que cela se passe ainsi". Il n'était pas venu pour abolir la Loi, mais pour l'accomplir.
Dès lors, l'humanité va passer du règne de la Loi à celui de la Grâce de Dieu. Maintenant le chemin du Royaume de Dieu est ouvert. Jésus peut agir dans la plénitude du Saint-Esprit; il en sera ainsi plus tard pour tous ceux qui Le suivront après sa résurrection, surtout à partir de la Pentecôte.
Par la suite, les disciples participeront eux-mêmes à des services de baptêmes, aux côtés de Jésus. C'est là que commence le renversement de la situation. Les Pharisiens apprennent que Jésus baptise plus de disciples que Jean (4). Le baptiste abandonne dès lors sa position maîtresse, en s'écriant : "Il faut qu'Il croisse et que je diminue"; et c'est Jésus qui prend maintenant le relais, bien qu'Il ne baptise plus lui-même. De plus en plus nombreux, le peuple se fait baptiser par les disciples de Jésus, plutôt que par Jean. Ce que la prophétie avait annoncé est en train de se réaliser.
Puis Jésus, avant de monter au ciel, parle ainsi : "Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit" (5). On voit bien ici que le baptême était accompagné d'un enseignement qui devait être mis en pratique. Le baptême n'est jamais un rite qui sauve par lui-même, il doit être complété par une façon de vivre qui soit en rapport avec l'acte accompli.
L'Église se développe. La puissance du Saint-Esprit descend sur les disciples. Durant la Pentecôte, les gens touchés par le discours de Pierre demandent pleins d'inquiétude : "Que devons-nous faire?" Et Pierre leur répond : "Repentez-vous (enseignement qui subsiste du baptême de Jean) et ensuite que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ pour le pardon de ses péchés; puis troisième point - vous recevrez le don du Saint-Esprit" (6).
Voici donc les trois étapes et conditions bien claires pour être baptisé :
un repentir sincère, conséquent, véritable
le pardon des péchés accordé par Dieu, en réponse à la foi en l'acte expiatoire de Jésus à la croix
et enfin, le don, la puissance du Saint-Esprit qui vient sur le baptisé, comme le sceau divin qui lui apporte réellement la résurrection et la bénédiction.
Et, heureusement, cela ne s'arrête pas au moment extraordinaire de la Pentecôte. Dans Actes 10, nous voyons les premiers chrétiens recevoir eux aussi la plénitude de l'Esprit; Pierre fait un discours aux païens réunis chez Corneille et il se produit une chose extraordinaire (7) : "Le Saint-Esprit descendit sur tous ceux qui écoutaient la Parole. Tous les fidèles circoncis (c'est-à-dire les Juifs qui étaient venus avec Pierre) furent stupéfaits de voir le don du Saint-Esprit répandu aussi sur les païens, car ils les entendaient parler en langues et glorifier Dieu". (La manifestation du baptême du Saint-Esprit glorifie tellement Jésus-Christ, que ceux qui le reçoivent ne savent plus ce qu'ils disent. Souvent ils parlent en langues, ils sont comme ivres "diront les spectateurs"; émerveillés, ils adorent de toutes sortes de façons l'Éternel ...).
"Alors Pierre dit : Peut-on refuser l'eau du baptême à ceux qui ont reçu le Saint-Esprit aussi bien que nous? Et il ordonna qu'ils fussent baptisés au nom du Seigneur."
Lors de cette nouvelle effusion de l'Esprit nous constatons que l'ordre habituel est inversé. Dans le texte précédent, le don du Saint-Esprit s'est produit logiquement, après le repentir et le pardon des péchés : le baptême d'eau précède la réception du Saint-Esprit. Ici, le Seigneur montre que le don du Saint-Esprit est accordé aux païens aussi bien qu'aux Juifs sans aucun préalable. Avant même qu'ils aient été baptisés dans l'eau, Dieu les bénit ainsi, pour manifester Sa volonté de les intégrer à son peuple. Puis, lorsqu'ils ont été scellés de l'Esprit, ceux qui sont rassemblés dans la maison de Corneille sont baptisés d'eau. Il n'y a pas de ritualisme institué, mais le sceau divin ne supprime pas l'acte humain, soit le baptême d'eau accepté par le croyant, volontairement, et personnellement.
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Le livre des Actes des Apôtres nous rapporte encore un autre cas particulier de baptême. Paul, arrivant à Éphèse, demande aux nouveaux croyants qu'il y rencontre, s'ils ont reçu le Saint-Esprit, lorsqu'ils ont cru. (
- Nous n'avons pas même entendu dire qu'il y ait un Saint-Esprit - répondent-ils.
Paul leur demande alors de quel baptême ils ont été baptisés.
- Du baptême de Jean, déclarent-ils.
- Jean a baptisé du baptême de repentance, disant de croire en celui qui venait après lui, c'est-à-dire en Jésus, explique Paul.
Sur ces paroles, ils sont baptisés à nouveau au nom du Seigneur Jésus. Il y a donc ici dans la bible, un acte de "re-baptême" bien clairement décrit. Le baptême en Christ est différent, et plus complet que celui de Jean!
"Lorsque Paul leur eut imposé les mains, poursuit le récit, le Saint-Esprit vint sur eux, et ils parlaient en langues et prophétisaient. Ils étaient en tout environ douze hommes". Ici, la bénédiction de Dieu repose sur un tout petit groupe. Il n'y a pas 120 ou trois mille personnes comme aux jours de la Pentecôte à Jérusalem, mais le Seigneur accorde à ces quelques disciples la même grâce, la même manifestation de puissance qu'aux 120, lors de la Pentecôte.
Nous pourrions encore citer d'autres exemples bibliques du baptême, je n'ai nommé que les principaux, représentant des situations différentes, afin que nous voyions bien comment le baptême était réalisé aux débuts de l'église.
La Didaké qui nous donne un reflet de la vie de l'Église primitive, parle seulement du baptême des adultes. Justin, Chrisostome, et les premiers "pères" de l'église, ne mentionnent que le baptême des adultes. Mais Tertullien fait allusion à l'évolution qui déjà se dessine. Il condamne dans ses écrits le nouvel usage de baptiser les petits enfants et les morts. C'est la régénération baptismale, c'est-à-dire le baptême considéré comme un acte magique qui, comme par avance, sauverait les petits enfants... On a voulu ainsi les mettre à part pour le Royaume des cieux et les préserver du mal. On a pensé que le baptême n'était pas seulement l'engagement d'individus pleinement conscients de la valeur de leur acte, mais quelque chose de magique qui par avance pouvait les sauver. C'est ainsi que le baptême des enfants s'est introduit peu à peu dans I'Église. Et cette erreur était déjà en train de s'infiltrer parmi les croyants du temps de Tertullien.
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Si vous alliez dans le désert du Néguev, vous pourriez y voir deux baptistères côte à côte : un grand baptistère dans lequel entraient les gens, et tout près une petite coupe datant de la période où l'on pratiquait les deux baptêmes; elle servait à verser quelques gouttes d'eau sur la tête de l'enfant. C'est un des signes de l'évolution du baptême, à cette époque intermédiaire.
Au moment de la Réforme, Calvin a essayé de comprendre le baptême, mais sans pousser très loin l'étude de la question. Il a simplement dit que la circoncision fut donnée aux Juifs et que "le baptême est pour les chrétiens ce que la circoncision était pour eux" (Institution chrétienne). Il a donc eu une vision un peu simpliste du baptême; et il aurait sans doute fallu une connaissance plus approfondie de ce problème pour éviter bien des drames subséquents, et pour que la Réforme se poursuive dans l'Église jusqu'à retrouver tout de suite le sens originel du baptême.
En effet, cette réforme partielle n'a pas été jugée suffisante par les Anabaptistes, et différents autres groupements qui sont tous sortis des églises officielles, parce que, pour eux, la question du baptême était primordiale. À leur point de vue, c'étaient les adultes qu'il fallait baptiser, et non les enfants. Ce problème peut avoir en effet une importance fondamentale. Il a fait couler beaucoup d'encre, il a créé des divisions continuelles parmi les croyants et a suscité bien des ruptures dans l'Église, au travers des siècles suivants. Il fut ainsi l'une des causes des nombreux morcellements de l'église chrétienne.